« La meilleure façon d’apprendre, c’est d’enseigner ! », voilà comment l’on pourrait résumer le concept de classe renversée !

Dans cet article, je souhaitais vous parler d’une innovation pédagogique que j’ai découverte lors d’une conférence à laquelle j’ai assistée sur le salon Learning Technologies. Son nom ? : “La classe renversée, une pédagogie en mode start-up !”. 
C’est quelques jours avant le début du salon, lorsque j’ai étudié de plus près le programme des conférences, que je suis tombée nez à nez avec ce concept. J’ai d’abord cru mal lire, “On parle de classe inversée, non ?”. Et puis, c’est en jetant un coup d'œil à la description de la session que j’ai compris qu’il s'agissait là d’une méthode pédagogique innovante, encore très peu diffusée, mais qui semble pour autant très prometteuse !

Revenons au début : qu’est-ce que la classe renversée ? En quoi se différencie-t-elle de la classe inversée ? Et pourquoi est-elle bénéfique ?

Inversons les rôles ! 🥠

Vous connaissez Freaky Friday ? Mais si, vous savez ce film culte (enfin, surtout pour moi) au scénario loufoque dans lequel la mère et la fille échangent de corps après avoir avalé un fortune cookie ! Et bien, considérez que la classe renversée, c’est la même chose, mais version “enseignement supérieur”. Les étudiants se retrouvent dans le corps de l’enseignant, et l’enseignant dans celui des étudiants !

Si ma métaphore n’évoque rien chez-vous (personne n’est parfait), la classe renversée peut se définir comme une approche pédagogique dans laquelle les étudiants deviennent les créateurs du cours au lieu d’en être les simples récepteurs. Ils définissent les notions à étudier et construisent les évaluations sous la supervision de l'enseignant. Ce dernier, quant à lui, devient un facilitateur, aidant les étudiants à organiser leur apprentissage plutôt que de leur transmettre passivement le savoir.

En somme, la classe renversée transforme la pédagogie en “pairagogie” où les élèves collaborent entre eux pour favoriser un meilleur apprentissage.

Cette approche est née d’un simple constat : les étudiants ne retiennent pas assez bien le cours lorsque celui-ci est dispensé dans sa version magistrale. Pourquoi ? Parce qu'il repose sur une transmission passive des connaissances, ce qui nuit à la rétention et à la compréhension du contenu. 

En partant de là, on peut facilement dire que le cours magistral, bien qu’il puisse dans certains cas être utile, ne permet pas une transmission et une assimilation de la connaissance de manière optimale. Voyez par vous-même avec ce résumé graphique que je vous ai préparé 👇

La classe renversée : concrètement, comment ça fonctionne ? 🤔

Comme on l’a vu plus haut, dans ce modèle les étudiants construisent le cours eux-mêmes. Mais dans les détails, comment ça marche exactement ?

Tout commence par la construction du cours par les étudiants : par groupes de 6 à 7 élèves (aux niveaux et aux affinités mélangés, c’est important !), ils distribuent les responsabilités (organisation, recherche de documents, rédaction etc.), puis élaborent les chapitres selon un cadre défini et publient leurs travaux sur une plateforme collaborative. Cette approche favorise la collaboration et la responsabilisation, chaque étudiant devant à la fois produire du contenu et assimiler celui des autres.

Les séances de travail, pour leur part, alternent entre production en groupe, présentations orales et exercices interactifs. Le professeur adopte le rôle d’élève candide : les étudiants présentent leur cours, et il leur pose des questions pour tester leur compréhension. Ce dialogue permet d’ajuster et de valider les connaissances. L’enseignant peut intervenir brièvement pour corriger ou approfondir certains points sans casser la dynamique d’apprentissage actif. À la fin du cours, les étudiants peuvent même donner des devoirs à la maison au professeur (qui n’a jamais rêvé de faire ça, sérieusement ?) ou même décider de commencer le prochain cours par une interro surprise 😈

L’évaluation suit une approche inversée. Les étudiants conçoivent eux-mêmes les interrogations auxquelles le professeur doit répondre. Ils corrigent ensuite sa copie et le note. Leur but ? Faire progresser l’enseignant. Ce qui constitue en réalité une façon déguisée de mieux comprendre et d’identifier les points clés du cours, d’autant plus que le prof peut intentionnellement se tromper dans sa copie. Le système de notation pour les étudiants, quant à lui, abandonne la traditionnelle note sur 20 au profit d’un système de points cumulables (les fameux bons points), valorisant l’effort et la progression individuelle et collective.

Enfin, l’examen final (passé cette fois par les étudiants !) est également conçu par les apprenants au fil du semestre. Ils rédigent les questions et travaillent sur les réponses attendues. Le jour de l’épreuve, certaines questions sont tirées au sort par l’enseignant, garantissant que chaque étudiant ait assimilé les notions essentielles. Cette approche transforme l’examen en un véritable outil d’apprentissage plutôt qu’un simple test de restitution.

En somme, la classe renversée replace l’étudiant au cœur de son apprentissage en le rendant acteur de la construction du savoir, favorisant ainsi une meilleure compréhension et rétention des connaissances.

Pour revenir à la conférence, Jean-Charles Cailliez (Directeur de LiDD Ecole de Design et Vice-Président Innovation de l'Université Catholique de Lille), qui a contribué à développer ce concept pédagogique et qui l’applique depuis 13 ans maintenant, expliquait que la classe renversée, c’était ni plus ni moins que transformer une classe d’apprenants en FabLab, c’est-à-dire en laboratoire de fabrication, où les élèves sont notés en compétences et non plus en connaissances. Par exemple, la compétence à s’organiser, à respecter les délais, à poser des questions etc. En somme, toutes les compétences que l’on demande en entreprise, d’où la double utilité de cette méthode d’apprentissage !

Classe inversée 🔄 VS Classe renversée 🙃

Maintenant que vous avez compris comment fonctionne la classe renversée, il est temps de la confronter à un autre modèle au nom presque similaire mais au fonctionnement très différent : la classe inversée !

La classe inversée et la classe renversée partagent un même objectif : dépoussiérer le bon vieux cours traditionnel. Mais attention, elles ne jouent pas dans la même catégorie. Dans la classe inversée, c’est encore le prof qui garde les manettes. Il prépare soigneusement des ressources (vidéos, podcasts, lectures...) que les étudiants découvrent tranquillement chez eux avant de venir en cours pour passer à la pratique : exercices, projets, débats... Bref, on libère du temps pour travailler ensemble, mais le savoir reste piloté par l’enseignant qui, même en retrait, reste le chef d’orchestre.

Et puis il y a la classe renversée dont je vous ai expliqué le concept et le fonctionnement un peu plus haut dans cet article. Avec la classe renversée, on change complètement les règles du jeu. Finies les ressources toutes prêtes : ce sont les étudiants qui créent le cours de A à Z. Réunis en équipes, ils cherchent, compilent, rédigent et présentent les chapitres, qu’ils enseignent eux-mêmes au prof qui troque sa casquette, questionne, aiguillonne, joue les candides (« euh, je n’ai pas bien compris, tu peux me réexpliquer ? ») et vient valider les savoirs. Résultat : une ambiance ultra dynamique où tout le monde met la main à la pâte, et où l’on ne fait plus semblant d’apprendre — on construit, on transmet, on s’approprie vraiment le contenu.

Et les bénéfices sont importants ! La classe renversée booste l’engagement : impossible de rester planqué au fond de la salle quand on doit fabriquer le cours. Elle renforce également la compréhension et la mémoire, puisque enseigner, c’est prouver que l’on maîtrise. Et puis, elle développe aussi des compétences bien utiles pour la suite, comme savoir travailler en équipe, communiquer clairement, gérer un projet ou développer son esprit critique. Et côté évaluation, on oublie la note figée sur 20 : ici, on accumule des points au fil du semestre, on valorise la progression, l’implication, l’effort collectif... Et soyons honnêtes, c’est quand même plus motivant que de redouter le contrôle surprise !

Alors si la classe inversée permet déjà de secouer les habitudes en combinant autonomie et exercices pratiques, la classe renversée, elle, va encore plus loin en confiant aux étudiants le pouvoir de fabriquer et de transmettre le savoir, tout en se formant pour leur avenir professionnel.

Alors, prêt·e à échanger vos corps ? 🥠

Si vous avez lu cet article brillamment rédigé, vous savez maintenant que la meilleure façon d’apprendre, c’est réellement d’enseigner ! 

En renversant votre classe, vous découvrirez une toute autre facette de vos étudiants : ils ne seront plus passifs mais bien acteurs de leur apprentissage, et ce pour le meilleur puisque toutes les compétences développées grâce à cette méthode (recherche, collaboration, communication, gestion de projet) leur permettront d’être prêts pour leur avenir professionnel.

Cette innovation pédagogique qui inverse les rôles est une réelle chance pour les étudiants, mais aussi pour les enseignants qui auront le plaisir de ne plus se retrouver face à une classe muette mais d’apporter encore plus de sens à leur métier en accompagnant au mieux leurs élèves et en leur donnant toutes les clés pour réussir !

D’ailleurs, s’il vous fallait une raison de plus de tenter l’expérience, sachez que ce modèle s’adapte particulièrement bien aux enseignements universitaires et aux formations où l’expérimentation et l’interaction sont essentielles 😉

Alors, prêt·e à échanger vos corps ?