L’an dernier, nous avions réalisé la toute première enquête sur les usages de la vidéo pédagogique dans les établissements d’Enseignement Supérieur publics français. Avec tout ce qui s’est passé au cours des 12 derniers mois, nous nous sommes dits qu’il serait fort intéressant de mettre cette étude à jour, en gardant un canevas de questions quasi similaires à celui de l’an passé, afin de pouvoir constater les évolutions des pratiques. Nous avons également pris l’initiative cette année d’adapter la fin de notre questionnaire, qui portait l’an dernier sur le thème de l’accessibilité des contenus, pour se concentrer cette année sur l’impact de la pandémie sur les modalités pédagogiques et les budgets. Je vous présente dans cet article les principaux résultats et leur évolution sur un an.
Cadrage
Nous avons identifié 115 établissements au total répondant au critère d'EPSCP, “Établissement Public à caractère Scientifique, Culturel et Professionnel”, en écartant les INSPE, très souvent affiliés à une université référente. Les personnes interrogées sont celles qui nous ont été désignées comme expertes du double sujet vidéo et pédagogie, à savoir principalement des responsables Technopédagogiques, des responsables au sein de la DSI et parfois issus des cellules audiovisuelles.
Répondants :
Établissements ayant répondu |
87 |
76% |
Établissements non joignables |
22 |
19% |
Établissements ne souhaitant pas répondre |
4 |
3% |
Établissements en cours de fusion |
2 |
2% |
TOTAL |
115 |
100% |
En guise d’introduction, je vous propose de nous pencher sur la première question que nous avons posée aux répondants : “Mettez-vous des vidéos pédagogiques à disposition de vos étudiants au cours de leur cursus ?”. Le résultat est assez éloquent, je vous laisse en juger par vous-mêmes :
Mon grand regret, c’est que nous n’ayons pas posé cette question l’an passé, j’aurais vraiment aimé pouvoir comparer les réponses de 2020 avec celles de 2021… Force est de constater que la crise COVID a fortement influencé les pratiques pédagogiques et notamment la place qu’elles accordent à la vidéo.
Nous avons tout de même demandé à nos répondants le type de vidéos pédagogiques qu’ils utilisent en “question ouverte”. Vous ne trouverez pas de camembert ou autre graphique pour illustrer les réponses mais je vais vous en donner les grandes tendances.
Ce qui nous a été le plus remonté, c’est que les équipes pédagogiques et audiovisuelles ont décentralisé la production de contenus pédagogiques vidéo en demandant aux enseignants de participer. Cela correspond bien à la phase de confinement où nous devions tous rester chez nous. Non loin derrière, on trouve la pratique de l'enregistrement de cours présentiels. Celle-ci existait déjà dans de nombreux établissements comme aide aux révisions, pour les étudiants empêchés et internationaux. Je pense que la phase d’ouverture des établissements à demi-jauge a également contribué à l’essor de cet usage.
La pratique suivante, légèrement moins répandue, est la production de capsules de vidéo par les équipes audiovisuelles. On notera d’ailleurs que ces contenus de qualité professionnelle sont parfois réutilisés dans des MOOC dont la portée va au-delà de l’enceinte de l'établissement.
En outre, certains répondants nous expliquent produire des contenus et tutoriels à usage interne, et ce afin de rendre autonomes les enseignants pour la création de contenus, mais aussi pour qu’ils utilisent correctement et à bon escient les outils qui ont été mis à leur disposition pour la continuité pédagogique.
Enfin, certains établissements captent des conférences et des colloques, voire des soutenances d’étudiants.
Le LMS
Parce que chez UbiCast nous pensons qu’une plateforme vidéo axée sur la pédagogie doit impérativement s’intégrer au LMS, l’endroit où se trouvent les cours et ressources en ligne, savoir lesquels sont les plus répandus est indispensable. Les établissements se sont outillés depuis plus d’une décennie sur ce sujet et les équipes d’ingénierie pédagogique se sont attachées à démultiplier les bonnes pratiques d’utilisation aux enseignants.
Sans surprise en 2021, Moodle reste le LMS incontournable chez nos sondés, puisque 94% des établissements nous ayant répondu en sont des utilisateurs. Sa force réside dans sa communauté. La plateforme est open source et se nourrit des contributions de ses utilisateurs, qui œuvrent au quotidien pour la faire évoluer en l’enrichissant de nouvelles fonctionnalités pour leur établissement et donc disponibles pour tous les autres qui font face aux mêmes problématiques.
Chaque année se tient le Moodlemoot, un événement rassemblant tous les acteurs impliqués dans la gestion et l’utilisation du LMS. Cet événement se décline géographiquement et le Moodlemoot francophone est l’un des plus dynamiques. Il rassemble les utilisateurs français, belges et suisses de Moodle autour d’ateliers et conférences qui propagent les bonnes pratiques et nouveautés. Venez rencontrer l’équipe UbiCast si vous y participez, nous sommes partenaires de l’événement depuis 2011 !
Parmi les autres LMS, minoritaires, nous retrouvons Claroline, Sakai et 2 répondants nous parlant d’une “autre plateforme”. On notera de plus que certains d’entre eux sont en cours de migration vers... Moodle… Attendons donc de voir les résultats de notre enquête en 2022 pour voir où en est l’adoption de Moodle.
La plateforme vidéo
Rentrons dans le vif du sujet et analysons les plateformes vidéo de nos répondants. Mais avant tout, rappelons que la vidéo est certes le média le plus utilisé mais aussi le plus compliqué à gérer, de par sa taille et les débits internet qu’il représente. C’est pourquoi les LMS gèrent très rarement la vidéo en propre, c’est un métier à part entière !
En 2020, la plateforme la plus déployée était POD, développée par l’Université de Lille et désormais sous l’égide d’ESUP, dans 24% des établissements sondés.
En 2021, ce n’est non sans une pointe de fierté et de reconnaissance du travail accompli par l’ensemble de l’équipe UbiCast, que nous prenons la première place, avec 32% des répondants, contre 20% l’an passé.
Au-delà de ce fait, ce qui m’a interpellé sur cette question, c’est de voir qu’au cours des 12 derniers mois, les établissements s’appuyant sur une solution “maison”, développée en interne, sont passés de 14% à 9% et que ceux qui ne sont pas équipés ne sont plus que 9%, contre 13% en 2020.
Ce que j’en retiens, c’est qu’avec la pandémie, il a fallu s’organiser et proposer aux étudiants quelque chose en “plus”, complémentaire à la classe virtuelle. Du coup, cela devient difficile de ne rien avoir ou bien de s’appuyer sur un outil auquel on ne peut pas consacrer autant de moyens qu’une équipe de professionnels.
Pour ce qui est de la satisfaction exprimée au sujet de ces plateformes vidéo, nous avons demandé aux répondants de les noter de 1 à 5.
Et cette année, POD truste la première place, que la solution UbiCast occupait l’an passé. Comment expliquer cela ? Déjà, être au-dessus de ⅘ en ayant le plus grand nombre d’utilisateurs, reste un immense honneur. Ensuite, je pense que certains de nos “nouveaux” utilisateurs sont dans leurs premiers mois d’utilisation et n’ont pas encore exploité tout le potentiel de leur outil, mais charge à nous d’y remédier en les accompagnant.
En tout cas je félicite POD, qui a apporté de nombreuses évolutions et fonctionnalités, qui ont renforcé l’attachement de ses utilisateurs fidèles, donc chapeau ! Bien qu’entre POD et UbiCast, en tant qu’établissement, il faut faire un choix, je reste persuadé que c’est une concurrence saine et que chacune de nos solutions répond à des besoins spécifiques. En tant qu’entreprise privée, nous avons une notion de service, d’accompagnement et de support, et il y a évidemment un coût en face. Côté POD, il y a un outil gratuit mais complet et quand on a les équipes en interne pour s’en occuper, c’est une solution adaptée.
On remarque enfin que YouTube reste un moyen apprécié, mais gare à vos données et votre propriété intellectuelle ! Et puis pour de la pédagogie, cela me semble un peu léger, même si c’est diablement efficace en terme d’utilisation...
L’impact COVID
L’an passé, nous avions décidé de consacrer la fin de notre enquête au sujet de l’accessibilité des contenus. Sans surprise, en 2021, notre intérêt s’est porté sur l’impact du COVID sur les usages et les budgets en matière de pédagogie par la vidéo.
En ce qui concerne les usages, et plus particulièrement la bascule pédagogique induite par la crise, 53% des répondants affirment avoir principalement adopté des usages synchrones pour assurer leur continuité pédagogique. Ils se sont donc surtout appuyés sur des outils de classe virtuelle et de visio conférence.
36% des établissements sondés ont mis en œuvre une pédagogie hybride, c'est-à-dire mélangeant des usages vidéo synchrones et asynchrones, en incitant les enseignants à produire des capsules vidéos complémentaires aux temps d’enseignement synchrones.
Enfin, 11% ont majoritairement basculé sur des usages asynchrones, ne proposant que peu de temps d’apprentissages synchrones aux étudiants.
Sur la question des budgets, on retiendra que presque 3 établissements sur 4 ont constaté un impact budgétaire important ou révolutionnaire, et ce afin de mettre en place les solutions de continuité pédagogique liées à des fermetures de classes partielles ou totales.
Quand on se penche plus en détail sur les réponses, on note que c’est la mise en place de dispositifs hybrides qui a nécessité un plus fort impact sur les budgets, alors que ceux qui sont restés sur des dispositifs synchrones ont constaté un plus faible impact que les autres.
Il serait fort intéressant de croiser ces résultats avec une note de satisfaction des étudiants, afin de vérifier quelle modalité a remporté le plus d’adhésion des étudiants d’une part, et si la hausse des budgets se traduit par une corrélation avec la satisfaction étudiante d’autre part.
Les freins ? Quels freins ?
Nous avons conclu notre questionnaire en demandant aux sondés quels étaient les plus grands freins à une plus large adoption de la vidéo pédagogique selon eux.
Avant d’y répondre, rappelons que nos répondants sont unanimes sur le fait qu’inclure de la vidéo pédagogique dans les parcours d’apprentissage leur paraît être une très bonne solution. Ils sont convaincus.
Alors, qu’est ce qui empêche d’aller plus vite ? Plus fort ?
Et bien, l’immense majorité de nos répondants identifient les enseignants comme un point de blocage d’une plus large adoption. Ce serait toutefois réducteur de s’arrêter à ce niveau de lecture car lorsque l’on creuse le “qualitatif” des réponses, nos sondés nous expliquent bien que certains manquent de volonté, mais surtout que la plupart des enseignants manquent de temps, ne sont pas formés ou pas assez bien outillés. Nous préparons à ce sujet un livre blanc, avant même les conclusions de cette étude sur la posture des enseignant vis à vis de la vidéo car nous avions déjà identifié ce point. Il faut désamorcer certaines idées pré-conçues car non, la vidéo n’a pas pour but de leur prendre leur métier mais bien d’être un complément pour que les temps synchrones / présentiels soient maximisés d’un point de vue étudiant.
Les autres freins remontés lors de l’enquête sont le manque de moyens et d’outils à disposition des établissements et pour quelques répondants, les étudiants eux-mêmes qui n’y mettant pas du leur. Côté apprenant, la fracture numérique est également citée. De nombreux articles de presse ont d’ailleurs mis en lumière les initiatives d’université qui organisaient des collectes et distributions de matériel informatique aux étudiants dans le besoin.
Enfin, seuls 2 répondants (sur 87) nous affirment qu’il n’y a pas de freins… donc on sent bien que la volonté est d'accélérer sur la production et la diffusion de vidéos pédagogiques, mais que certains points doivent être débloqués avant de passer à l’échelle.
En guise de conclusion
Voilà, j’espère que ces données et cette analyse vous éclairent sur la situation, un an après la première enquête.
De mon point de vue, j’ai 2 certitudes par rapport à l’année qui s’est écoulée :
- Tout le monde souhaite revenir en présentiel. Et c’est d’ailleurs irremplaçable : être physiquement dans la même salle de classe que son enseignant, que ses camarades est primordial pour les étudiants et pour leur apprentissage. La vidéo doit être un complément de ces temps synchrones, pas un remplaçant.
- Il y aura un “avant” et un “après”. Je pense que le corps professoral a fait un bond en avant de 5 ans sur les 12 derniers mois en matière de maturité numérique. En étant “forcé” par la situation d’adopter les outils numériques, bon nombre d’enseignants se sont rendus compte que c’était à leur portée et bénéfique pour leurs étudiants.
Tout est donc une question d’équilibre des dispositifs dans le cocktail pédagogique.
N’hésitez pas à nous solliciter pour en savoir plus, toute mon équipe peut consulter les données dans le détail.
Jean-Marie Cognet - PDG d'UbiCast
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